
Selon les critères du HSK, seul test d’évaluation officiel du mandarin, il faut connaître un minimum de 5 000 caractères chinois pour prétendre au niveau de maîtrise le plus élevé de la langue. Un travail fastidieux lorsqu’on sait qu’il n’existe aucun lien logique entre la prononciation d’un caractère, son écriture et sa signification. Chaque sinogramme doit donc être appris individuellement. Et il ne s’agit que du mandarin ! En effet, un caractère utilisé en mandarin peut avoir une signification ou une prononciation tout à fait différente dans une autre langue chinoise. Connaître 2 500 caractères permet déjà d’être reconnu comme locuteur à un niveau avancé. Et le constat pourrait s’arrêter ici : le mandarin est bel et bien une langue très difficile. Sauf que…
Le mandarin et les langues chinoises sont en quelque sorte le négatif du russe et des langues slaves. Combien d’apprenants ont déjà eu envie de fuir en apercevant l’ombre du cyrillique, qui ne présente pourtant aucune difficulté majeure ? La grammaire du russe ou de l’ukrainien en revanche, c’est une autre paire de manches ! Les langues chinoises sont dites analytiques, à l’inverse du russe, de l’allemand et même du français qui sont des langues flexionnelles. Pas de panique, on vous explique tout.
En tant que langue analytique, le mandarin (tout comme ses langues sœurs) repose uniquement sur l’organisation et l’association des mots dans la phrase pour créer du sens. Autrement dit :
– si les conjugaisons en espagnol vous paraissent compliquées, vous serez ravi d’apprendre qu’il n’y a pas de conjugaison en mandarin, seulement des marqueurs de temps (aujourd’hui, je vais ; hier, je vais ; demain, je vais, etc.) ;
– il n’y a ni genres ni déclinaisons en mandarin (contrairement à l’allemand) ;
– il n’y a pas de pluriel non plus (à l’inverse du russe qui a la bonne idée de les faire varier en fonction du nombre : 1 день, 1 jour mais 3 дня, 3 jours et 5 дней, 5 jours) ;
– d’ailleurs, les nombres se construisent logiquement en mandarin puisque 81 se lit simplement huit-dix-un 八十一 (rien à voir avec l’acrobatie mentale « quatre fois vingt plus un » dans notre chère langue !) ;
– enfin, pas d’agglutination non plus, c’est-à-dire d’ajout d’affixes, comme en turc ou en hongrois.
En plus de leur beauté calligraphique, les langues chinoises sont des langues aussi poétiques que logiques. Par exemple, « feu » se dit 火 (huǒ) et « montagne » se dit 山 (shān) en mandarin. Et que donne l’association de ces deux caractères ? 火山 (huǒshān) signifie « volcan » ! Notons au passage la ressemblance entre le caractère du feu et celui de la montagne avec les réalités respectives qu’ils désignent. Ou plutôt dessinent. Les mots feu, montagne et volcan en français peuvent-ils se vanter d’être aussi évocateurs ?