
Est ce ta 1ere expatriation?
Oui et non! Cela a été ma 1ère expatriation “longue durée” (5 ans au total), mais avant cela, dans le cadre de mes études, j’ai eu la chance de pouvoir beaucoup voyager et “tester” l’expatriation: 6 mois de stage en Corée du Sud, 6 mois en Erasmus en Italie et 8 mois de stage aux États-Unis.
J’ai cependant ouvert un nouveau chapitre et ai quitté Hong-Kong il y a 5 mois pour vivre au Portugal.
Pourquoi avoir choisi de t’expatrier à Hong-Kong ?
J’avais envie de retourner en Asie après mon expérience en Corée et Hong-Kong était le choix le plus “évident” ou en tout cas le plus facile: il y était (à l’époque en tout cas) relativement facile de trouver du travail.
Je suis juste arrivée avec mes valises, sans travail et cela m’a pris 2 semaines pour signer mon contrat.
L’anglais y est très répandu et il n’y a à priori pas besoin d’apprendre le chinois (ce qui peut être un avantage! J). De plus, HK a une position très centrale en Asie pour voyager mais pour le business également…
Combien de temps as-tu vécu à Hong-Kong ?
J’y ai vécu 5 ans, je m’étais fixée 3 ans à l’époque comme objectif plutôt vague mais les années sont passées très très rapidement…
Étais-tu déjà allée à Hong-Kong avant d y vivre ?
Non, je ne connaissais pas du tout ! Mis à part en Corée, je n’avais jamais mis les pieds en Asie avant de m’installer à HK.
Que savais-tu de ce pays avant d’y aller ?
Je m’étais renseignée bien sur et j’avais quelques amis qui y vivaient donc je connaissais un petit peu à travers leurs photos sur Facebook (et oui!). Pour ce qui était des conditions de travail et de vie en général, c’était très abstrait.
Depuis combien de temps es-tu à l’aise dans ce pays ?
Il m’a fallu très longtemps pour me sentir réellement à l’aise à Hong-Kong et même après 5 ans en connaissant très bien la ville, la culture etc, même si je me sentais à l’aise je n’ai jamais réussi à considérer Hong-Kong comme chez moi.
Mais pour répondre à ta question, passée l’euphorie des 1ers mois durant lesquels on s’émerveille de tout et tout est nouveau, je dirais qu’il m’a fallu environ un an pour me sentir à l’aise.
Quelles sont les choses étonnantes à Hong-Kong ?
Hong-Kong est une ville extrèmement surprenante de par tout d’abord ses contrastes. Tu peux passer littéralement d’une rue à l’autre dans 2 mondes différents: tu peux être en train de marcher dans le quartier des affaires, ultra moderne, clinquant, scintillant, propre, à une petite rue ultra chinoise avec des échoppes … odorantes … où sont vendus des hippocampes séchés (une base de la médecine traditionnelle chinoise!).
L’une des choses que j’aime le plus à propos de Hong-Kong est qu’il est possible en 30 minutes de bateau de Central (l’hyper centre des affaires) d’arriver sur une île de pêcheurs, sans voiture ni confort moderne et avec des plages magnifiques…
C’est le côté de Hong-Kong que peu de gens connaissent mais qui m’a toujours fasciné.
Quelles sont les choses de ton pays d’adoption que tu as désormais adoptées ?
J’ai adopté la façon de vivre en général, le fait de travailler énormément et d’être centrée sur ma carrière, ce qui s’est avéré être une très mauvaise chose d’un point de vue personnel. C’est d’ailleurs la raison qui m’a fait quitter HK il y a maintenant 5 mois.
Dans les choses plus positives, j’ai adopté les réflexes santé: écouter son corps et prévenir plutôt que guérir, l’eau chaude lorsque l’on a mal à la gorge et les avantages de la vie citadine (pouvoir intégrer du yoga dans la vie quotidienne par exemple, car tout est accessible très facilement et rapidement en métro).
J’ai également adopté la nourriture bien que cela soit un petit peu compliqué parfois étant végétarienne (beaucoup de choses à base de viande ou poisson) et la façon de partager les plats au restaurant (autour de tables rondes avec un plateau tournant au milieu pour faire passer les plats à tout le monde).
Enfin, j’ai adopté le fait de ne pas m’encombrer de superflu car les espaces sont très petits à HK et on ne peut pas se permettre de stocker des choses inutiles.
Qu’aimes-tu à Hong-Kong?
J’aime la facilité de Hong-Kong, le fait que tout soit accessible et tout soit possible, tant d’un point de vue carrière que d’un point de vue aussi “superflu” que le choix de restaurant très riche.
Les transports en commun notamment sont incroyables, efficaces et permettent de couvrir tout le territoire.
C’est une très bonne chose car avoir une voiture à Hong-Kong coûte très cher (sans parler de la pollution déjà existante!).
J’aime aussi la localisation ultra centrale en Asie qui permet en juste quelques heures de visiter des endroits merveilleux et de se ressourcer (2h pour le Vietnam et les Philippines, 4h pour le Japon et la Corée, 4-5h pour Singapour et l’Indonésie, 10h pour Sydney…).
Qu’est ce qui te déranges dans les mentalités ou habitudes culturelles à Hong-Kong ?
La façon de vivre complètement centrée autour du travail et la course perpétuelle à la réussite m’a dérangée car j’y ai joué ma santé et ma vie personnelle.
Lorsque l’on travaille à Hong-Kong, on est obligé de s’adapter aux réalités locales qui sont: la réussite est plus importante que tout, il n’y a pas de sécurité de l’emploi, le nombre de jours de congés est ridicule (10 jours par an dans ma dernière entreprise), les loyers sont indécents.
Compte tenu de tout cela, tout le monde doit travailler dur, beaucoup, mieux que les autres pour progresser, et pour ma part j’étais constamment angoissée et stressée.
Il y a eu de très beaux avantages, j’avais un emploi bien plus senior que mon âge et mon expérience mais le prix à payer s’est avéré trop cher pour moi.
Quelles sont au contraire les 3 choses qu’on pourrait importer en France ?
On pourrait importer en France un petit peu d’ouverture sur les cuisines du monde par exemple avec un plus grand choix de restaurant et de concepts venant du monde entier.
Et la propreté et la sécurité! Cela serait en fait les 2 choses les plus importantes à importer.
À HK tous les lieux publics sont maintenus sans arrêt et extrêmement propres. Ce n’est malheureusement pas le cas chez nous… Et la sécurité…
En 5 ans, je ne me suis jamais sentie inquiétée, même en rentrant chez moi au milieu de la nuit.
à quoi ressembles ta journée type ?
Je me levais généralement à 7h30, allais acheter un café et un bagel saumon avocat (un délice, j’y pense encore) dans un petit restaurant de mon quartier, puis je prenais le métro pour arriver au travail un petit peu avant 9h.
Je travaillais sans interruption jusqu’à environ 19h30 – je déjeunais en quelques minutes le midi en travaillant – puis soit je rejoignais quelques amis pour un afterwork soit j’allais faire du yoga dans ma salle de sport.
Ta vision de la France a t elle changé depuis ton départ ?
Ma vision de la France n’a pas réellement changé même si en étant à distance et en parlant avec des étrangers, nous voyons les choses sous un angle différent et c’est intéressant. Ma relation avec la France a changé par contre, je suis devenue beaucoup plus proche et fière d’être française.
Je l’ai toujours été mais en vivant si loin et dans un environnement si différent, tout a tendance à nous manquer, la nourriture, le mode de vie, les relations humaines, etc.
On est plus distancié c’est vrai, mais l’attachement à son pays d’origine tend à se transcender…
Comment gardes-tu contact avec la France ?
Les choses sont très différentes maintenant de ce qu’elles étaient lors de mon 1er séjour en Corée, à “l’époque” (qui n’était qu’il y a 8 ans!) sans smartphone et whatsapp, il n’était pas facile de rester en contact avec ses proches sans arrêt…
Aujourd’hui avec Instagram, Whatsapp et Facebook, il suffit d’une connexion internet pour se sentir proche de sa famille ou de ses amis.
Reviens-tu souvent en France?
Je reviens plus fréquemment en France ces dernières années (environ 2-3 fois pas an), mais il m’est arrivé de passer un an et demi sans rentrer notamment lors de mes premières années à Hong-Kong.
C’était trop long et j’en ai souffert, d’autant plus que lorsqu’on ne rentre que quelques jours. C’est un programme intense entre le décalage horaire, la famille, les amis, les procédures administratives…
Penses-tu un jour revenir vivre en France
On ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve mais cela n’est pas du tout dans les plans aujourd’hui.
As-tu voyagé en dehors de Hong-Kong ?
Oui, je voyageais beaucoup pour mon travail car je m’occupais des marchés d’Asie du Sud-Est, d’Australie et Nouvelle Zélande et du Moyen-Orient.
Je voyageais donc énormément notamment à Jakarta, Singapour et Manille mais également au Vietnam, en Malaisie, en Nouvelle Zélande, à Dubai et au Liban.
Je n’ai pas eu assez de voyages “perso” à mon goût car je n’avais que très peu de jours de congés par an. Et cela pouvait être assez frustrant d’aller dans de nouvelles destinations pour la 1ère fois dans un cadre de travail…
Je me rappelle être allée à Bali pour la 1ère fois pour un séminaire d’une semaine avec mon entreprise… J’ai passé la semaine à travailler et n’ai pas vu grand chose d’autre que l’hôtel mais c’était quand même sympa!
Comment y est le monde du travail ?
Impitoyable! Mais j’ai eu également plein d’opportunités. Les cabinets de recrutement notamment sont très dynamiques et les gens ont tendance à changer de travail “régulièrement” car ils sont souvent approchés pour de nouvelles opportunités.
Il n’y a que très peu de loyauté pour son entreprise à Hong-Kong, celle-ci est perçue comme un tremplin avant tout.
Comment s’est passée ton intégration ?
Il n’y pas réellement eu d’intégration dans les 2 entreprises dans lesquelles j’ai travaillé, au maximum j’ai eu un déjeuner de bienvenue avec mes collègues et c’était tout.
Ce n’est pas dans la mentalité de créer beaucoup de liens avec ses collègues.
Chacun reste dans son périmètre et il y a peu d’interactions.
La plupart de celles-ci se font par email plutôt qu’en personne, c’est juste une façon différente de fonctionner.
Le chinois tu apprends ou tu le parlais déjà avant de partir ?
J’ai eu des cours de mandarin à mon arrivée à Hong-Kpng pendant un petit peu plus d’un an mais qui m’ont très peu servi car la langue parlée à Hong-Kong est le cantonais…
Je voulais plutôt apprendre le mandarin car c’est la langue la plus parlée en Asie (et dans le monde!), mais au final je ne pouvais pas pratiquer quotidiennement donc je n’ai pas “accroché”.
J’ai appris l’indonésien par contre car j’y voyageais énormément et j’ai pris des cours pendant environ un an. C’est une langue très facile à apprendre car la prononciation est très facile ainsi que la grammaire.
On dit que c’est l’une des langues les plus faciles du monde.
As-tu une anecdote à nous raconter suite à ube incompréhension au niveau langue ?
Pas exactement au niveau de la langue mais il m’arrivait de façon récurrente d’essayer d’expliquer dans un restaurant le concept d’être végétarienne et de demander un plat sans viande.
Et là on me rétorquait fréquemment que les plats étaient avec de la viande et qu’il fallait que je fasse avec, car de toute façon c’était meilleur!
Quel est le climat à Hong-Kong ?
Chaud, très chaud, et humide, très humide. Il n’y a que 2 saisons, la saison sèche et la saison des pluies (de Mai à Novembre).
Il y a des typhons importants notamment durant lesquels la ville est paralysée, les commerces et bureaux fermés et les habitants encouragés à rester enfermer chez eux durant environ 24h.
L’été à Hong-Kong est pénible car même si les températures dépassent rarement 35 degrés, l’humidité rend la chaleur vraiment étouffante.
On imagine une ville plein de building et pollution je me trompe ?
Pas du tout! La pollution était l’un des aspects les plus frustrants et je me sens en bien meilleure santé depuis mon retour en Europe.
Le plus problématique c’est d’acheter ses fruits et légumes car tout est importé à Hong-Kong et donc fait des distances monstrueuses… Le problème en achetant des produits plus locaux c’est qu’ils viennent de Chine et sont donc ultra pollués.
Pour ce qui est des buildings, oui mais pas que… c’est la ville avec le plus grand nombre de grattes-ciel du monde mais à côté de cela il y a une vraie nature (bon oui polluée mais nature quand même) avec des randonnées magnifiques à faire et des plages superbes.