L’Association nationale pour la formation automobile (ANFA) vient de publier une étude au sujet de l’impact sur le secteur automobile de la baisse des ventes de voitures diesel conjuguée avec l’arrivée des modèles électriques.


Contexte

Face au dérèglement climatique, l’Union européenne a établi une feuille de route particulièrement contraignante pour les constructeurs qui doivent chacun présenter une moyenne maximum de 95 grammes de CO2 au kilomètre calculée sur l’ensemble des ventes de leurs voitures particulières. Un objectif toutefois modulé en fonction de divers paramètres.

En 2030, la cible descendra à 59 grammes. Ce qui impose aux marques de développer des modèles de moins en moins émissifs, en particulier des électriques (batterie et/ou pile hydrogène) et des hybrides, rechargeables ou non. Il s’agit d’un véritable défi quand la clientèle se tourne de plus en plus vers des voitures lourdes, comme les SUV.

Autre contrainte : la suppression de la commercialisation en 2040 des modèles fonctionnant avec des moteurs alimentés à l’essence ou au gazole.

Plus conforme aux projections de la plateforme automobile PFA, la deuxième tendance fait une belle place aux voitures électriques au fur et à mesure des améliorations technologiques et du déploiement d’un réseau de recharge efficace.

Pour le 3e scénario, les enquêteurs ont adopté la stratégie arrêtée par Volkswagen où les voitures électriques à batterie de traction deviennent la norme. Le phénomène s’accroît avec la baisse des prix qui en résulte sur ces modèles.

En tenant compte du vieillissement du parc roulant, les voitures électriques compteraient dans 15 ans pour 10% en suivant le scénario défavorable, et 30% dans le plus dynamique. A ce stade, les modèles diesel ne représenteraient que 5 à 30% du marché. L’impact sur le chiffre d’affaires resterait globalement assez modéré sur l’après-vente, avec une baisse de 2 à 10%.

C’est davantage sur les effectifs que l’ANFA s’inquiète. Seraient chaque année menacés « entre 100 et 1.300 emplois jusqu’en 2036 du fait des changements de motorisations », évalue Jocelyn Gombault.

Les curseurs sont même poussés à 700 et 1.900 postes supprimés à l’année en incluant d’autres facteurs plus pénalisants encore quand ils sont conjugués, comme « la baisse du kilométrage moyen parcouru, la fiabilité croissante des véhicules, la conjoncture économique et sanitaire, l’évolution des pratiques de consommation, ainsi que les politiques budgétaires et monétaires ».

En croisant ces projections avec l’élévation de l’âge moyen des véhicules, le responsable de projets prévoit que « les réparateurs indépendants n’ont pas grand chose à craindre ». Même dans le scénario le plus optimiste pour les voitures électriques, où ces professionnels recevraient encore dans une quinzaine d’années 4 modèles à moteur thermique pour 5 engins réceptionnés.

Dans les ateliers des concessionnaires, la chute serait en revanche assez brutale, de 17 à 59% au bout de la période, « du fait d’un afflux de jeunes véhicules électriques sur le marché de l’après-vente ». En termes de chiffre d’affaires, les pertes seraient comprises entre 6 et 19% dans les réseaux des constructeurs. Les carrossiers ne seront en revanche pas touchés par l’évolution du parc automobile français.