Selon le cabinet AlixPartners, les batteries, qui représentent aujourd’hui un tiers de la valeur ajoutée des véhicules électriques, devraient voir leur coût tomber sous la barre de 100 dollars du kilowattheure. Ce dernier a déjà chuté, de 1. 000 à 140 dollars entre 2010 et 2018.
L’électrique au prix du thermique ? On en est encore loin aujourd’hui, mais AlixPartners estime que ce sera largement chose faite dans cinq ans. Selon une nouvelle étude du cabinet de consultants, le coût des batteries des véhicules va continuer à plonger, jusqu’à tomber sous le seuil des 100 dollars le kilowattheure. « A ce niveau, le surcoût observé sur les voitures électriques par rapport à leurs équivalents essence ou diesel va disparaître », explique Georgeric Legros, chez AlixPartners France. Aujourd’hui, ce surcoût est encore rarement inférieur à 10.000 euros (hors subventions, et hors coût d’usage).
Représentant environ un tiers de la valeur ajoutée des véhicules électriques, les batteries ont déjà vu leur coût baisser de 1.000 dollars/KWh en 2010, à 140 dollars environ en 2018. « Tesla fait encore mieux, à environ 130 dollars », souligne Georgeric Legros. Une bonne partie de cette dégringolade est liée aux progrès technologiques. Tesla, par exemple, utilise une technologie dite « NCA » (Nickel Cobalt Aluminium), qui requiert moins de cobalt que le « NMC » (Nickel Manganèse Cobalt) couramment utilisé aujourd’hui dans les batteries Lithium-Ion.
Nouveaux composants chimiques
La tendance va se poursuivre, avec l’utilisation de nouveaux composants chimiques. « Les performances énergétiques des batteries Lithium-Ion doivent être améliorées de 15 % à 50 % dans les cinq prochaines années », estiment les auteurs de l’étude AlixPartners. Les consultants ne voient toutefois pas le Lithium-Ion à électrolyte solide, sur lequel travaillent plusieurs industriels, atteindre la maturité commerciale avant cinq à dix ans.
Autre facteur de baisse des coûts, les effets d’échelle liés aux volumes. Les véhicules électrifiés équipés de grosses batteries (100 % électriques et hybrides rechargeables) ne représentent aujourd’hui qu’une infime proportion du marché automobile : 2,2 % des ventes de voitures neuves dans le monde l’an dernier.
Personne ne sait comment le marché se développera, tant les freins sont encore nombreux . Mais si les coûts baissent effectivement, et compte tenu des contraintes réglementaires à venir qui devraient pousser constructeurs et consommateurs à se convertir, les ventes pourraient finir par décoller : les auteurs de l’étude tablent sur 13 % du marché mondial en 2025 (dont 19 % en Europe), et 26 % en 2030 (40 % en Europe). A ce rythme, la demande en batteries explosera en effet. « Elle devrait être multipliée par cinq d’ici à 2025, et par dix d’ici à 2030, de 125 gigawattheures en 2019 à 1.256 en 2030 », indique Georgeric Legros.
Tensions sur le cobalt
L’appétit des automobilistes pour la voiture électrique n’est toutefois pas le seul facteur susceptible de faire mentir les pronostics. « Le coût des batteries dépendra aussi du prix des matières premières, dont certaines ont connu de vives tensions l’an dernier », reconnaît Georgeric Legros. Le cours du cobalt a ainsi triplé à 94.000 dollars la tonne l’an dernier. Il est retombé depuis autour de 35.000 dollars , les investissements des compagnies minières ayant provoqué des surcapacités de production. « Nous tablons sur des tensions limitées sur le cobalt, le nickel ou le lithium, qui pourraient renchérir le prix des batteries de 18 à 23 dollars », poursuit l’expert. Mais en cas de nouveaux accès de fièvre, les 100 dollars par KWh risquent de ne pas être atteints de sitôt.