A Singapour les autorités ont reconnu que les données des outils de traçage lancés pour combattre la propagation du Covid-19 avaient pu être consultées par la police. Une révélation qui contredit les garanties de confidentialité des autorités énoncées auparavant.

C’est une découverte qui n’a guère étonné Phil Robertson, à la tête de Human Rights Watch Asia : «Singapour a, de manière répétée, violé le droit à la vie privée de ses citoyens. Et nous étions inquiets depuis le moment où ces outils de traçage ont été lancés que cela pose de nouveaux problèmes. Il y a vraiment deux poids, deux mesures à Singapour : le gouvernement peut facilement attaquer les critiques qui lui sont faites en prétendant que tout ce qu’ils disent n’est pas vrai, que c’est une fake news, et prendre des mesures contre eux, mais lorsque le gouvernement ment ou refuse de fournir des informations, tout va bien».

Un discours qui inquiète

Pour Kirsten Ham, une activiste singapourienne qui refuse de télécharger l’application de traçage non obligatoire pour le moment, les moyens déployés par Singapour pour développer ces outils posent question : «Plus ils investissent du temps, de l’argent, de l’énergie et des personnes dans ces outils plus je suis inquiète que ce ne soit pas quelque chose de durable Parce que vous savez, si ils ont mis autant de dollars dedans et s’ils se sont donné cette possibilité, quelle garantie avons nous qu’ils arrêtent de les utiliser ?».

Car depuis le début de la pandémie, rappelle-t-elle le discours des autorités a progressivement évolué : «Quand ils ont lancé le dispositif de traçage, ils ont dit que ce serait sur la base du volontariat, qu’ils ne recueilleraient pas votre numéro de carte d’identité etc. Puis il y a eu de plus en plus d’impératifs ils ont commencé à collecter le numéro de carte d’identité des personnes, puis en juin, ils ont lancé en plus de l’application de traçage, le jeton de traçage collectif».

Des outils de traçage en passe de devenir obligatoires

80% des Singapouriens utilisent désormais l’application ou le jeton, un nombre impressionnant que Kirsten explique par l’annonce faite par le gouvernement de rendre prochainement obligatoires ces outils de traçage pour entrer dans un commerce ou une école, et par une promesse faite également, celle d’assouplir les règles de distanciation sociale si une importante majorité de personne était équipée.

De cette façon, en souhaitant de bonnes fêtes de fin d’année à ces concitoyens, le Premier ministre Lee Hsieng Loong s’est félicité fin fécembre du succès des dispositifs de traçage et a annoncé que les Singapouriens pourraient désormais se réunir à huit personnes, contre cinq auparavant.