
Des influenceurs, ces célébrités sur les réseaux sociaux, ont été expulsés du site archéologique d’Uxmal, où l’on peut admirer des pyramides maya millénaires. Ils avaient été invités par l’office du tourisme local pour promouvoir la réouverture du site, mais avaient refusé de respecter les normes de sécurité sanitaire contre le Covid-19.
L’office du tourisme du Yucatan croyait tenir une bonne idée : inviter des stars d’une téléréalité mexicaine à la réouverture des sites touristiques de la région, après des mois de fermeture pour cause de pandémie.
Mais les invités ont refusé de porter le masque et de respecter les distances de sécurité. Voilà une promotion qui fait mauvais genre, ont décidé les autorités du site archéologique, qui les ont mis à la porte.
Malgré les critiques, pour la secrétaire du Tourisme de l’État, il n’y a pas de mauvaise publicité : la stratégie des autorités a porté ses fruits, puisque ce petit scandale a braqué les projecteurs sur « un secteur du tourisme qui a urgemment besoin de promotion ».
Le secteur du tourisme a beaucoup souffert de la pandémie
Le tourisme, c’est la poule aux œufs d’or au Mexique. Malgré les problèmes dont il souffre, comme la violence qui frappe de nombreux États à cause du trafic de drogue, le pays a réussi à soigneusement préserver son statut de destination paradisiaque.
Et à raison : avec ses deux côtes de plages, ses sites archéologiques et sa gastronomie, le pays attire chaque année 45 millions de visiteurs étrangers. Une manne financière qui représente près de 9 % du PIB et 11 millions d’emplois directs ou indirects.
Cependant, le Mexique a été très durement touché par la pandémie, qui a fait plus de 78 000 morts. Au pire de la crise, en mai, le tourisme international était en chute de plus de 90 %. Sur la riviera maya, c’est la catastrophe. Des ribambelles d’hôtels qui n’ont pas encaissé ce choc inédit sont désormais à vendre.
Efforts et couacs du gouvernement pour faire revenir les touristes
Les autorités ont multiplié les couacs : dernièrement, le secteur du tourisme a enchaîné les bourdes de communication. Cet été, l’État de Guerrero a diffusé une vidéo promotionnelle sur la station balnéaire d’Acapulco.
L’idée générale du spot publicitaire était d’inciter les jeunes à se rendre à Acapulco pour faire la fête car « tout y est permis », affirmait la voix off. Un message malvenu alors que le pays luttait contre une épidémie de Covid-19 redoutable et que les boîtes de nuit sont toujours fermées à l’heure actuelle. Même le maire d’Acapulco a critiqué la publicité, qui a été vite retirée.
Une semaine plus tard, c’est le site officiel du tourisme au Mexique, la vitrine du pays à l’international, qui a déclenché l’hilarité générale. Sa version en anglais affichait des traductions littérales absurdes comme l’État de Guerrero qui devenait « Warrior », le « Guerrier », ou encore Tulum, transformé en « Jumpsuit », qui veut dire « costume ». Un défaut du module de traduction du nouveau site tout juste mis en marche, et une preuve d’amateurisme qui a hérissé les professionnels du secteur.
AMLO pointé du doigt
Pour eux, un seul coupable : le gouvernement actuel. À son arrivée au pouvoir, le président Andrés Manuel Lopez Obrador a voulu se démarquer des administrations précédents pointés du doigt pour la corruption qui y régnait. Place à l’austérité républicaine : il a donc sabré dans de nombreux postes de dépenses. Parmi eux, l’agence chargée de la promotion touristique du Mexique et ses représentations à l’étranger. Évidemment, cela a fait des économies, parfois au détriment de l’image du tourisme mexicain.
Avec la crise économique dramatique qui s’annonce dans le sillage de la pandémie – le PIB du Mexique devrait se contracter de plus de 10 % cette année, soit plus que la moyenne du continent – le tourisme est un atout important pour atténuer les effets de cette chute. Le pays a donc plus que jamais besoin de se présenter sous son meilleur jour pour attirer à nouveau les visiteurs.