Le gouvernement espagnol adoptera par décret une augmentation du salaire minimum de 22%, qui passera de janvier à 900 euros. La décision sera ratifiée par un Conseil des ministres extraordinaire le 21 décembre à Barcelone.

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Alors que la montée de Smic en France au milieu de la crise des Gilets jaunes a suscité scepticisme et controverse, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a annoncé aux députés qu’il approuvera l’augmentation de 22% du salaire minimum pendant l’année Décembre à Barcelone.

Le “smic” espagnol passera de 858 euros à 1050 euros (900 euros nets) à partir de janvier 2019.

“Il s’agit de la plus forte augmentation depuis 1977”, a-t-il déclaré aux députés. “Et cela montre la volonté du gouvernement de” renforcer la prospérité de tous les domaines “.

Une mesure anti-austérité à 340 millions d’euros
La décision a été prise en accord avec le parti anti-austérité Podemos, dans le cadre des efforts du Premier ministre pour adopter le projet de budget 2019 au Parlement. Les tensions avec les séparatistes catalans sont l’un des problèmes les plus difficiles du gouvernement du parti socialiste, qui n’occupe que le quart des sièges parlementaires. Selon le projet de budget publié début octobre, cette mesure coûtera 340 millions d’euros à l’État. Elle a été vivement critiquée par l’opposition de droite.

En outre, l’augmentation du salaire de base en Espagne et en France met en lumière l’énorme inégalité qui prévaut dans l’Union européenne en ce qui concerne le problème du salaire minimum responsable de la dure concurrence entre les deux pays en matière de salaires (dumping) , Le graphique ci-dessous montre l’hétérogénéité des salaires minimums d’un pays à l’autre et compare l’évolution du salaire minimum dans une sélection de pays européens qui devraient augmenter en 2019.

Les augmentations les plus fortes ont été enregistrées dans les pays où cette dernière est la plus faible, en particulier en Pologne, où le gouvernement a annoncé une réévaluation de 7,1% au début du mois de septembre. Le salaire minimum est également relevé en Allemagne, où il dépasse le seuil horaire de 9 euros, tandis qu’en France, l’augmentation légale prévue de 1,8% est fixée à 10,06 euros l’heure, sans tenir compte des considérations du gouvernement. le bonus d’activité a annoncé des revenus. Ces différences remettent en question la nécessité éventuelle d’introduire un salaire minimum au niveau européen.

Vers un salaire minimum européen?

Dans un rapport parlementaire présenté au ministre du Travail le 19 octobre, un plan en quatre étapes propose de fixer un salaire minimum dans toute l’Europe.

“Lutte contre le dumping social”, “Organiser la convergence des salaires minimums vers le haut”. Ce sont deux avantages qui conduiraient à la définition d’un salaire minimum dans tous les pays européens, selon le rapport du ministre français des Affaires étrangères, Philip Cordery, qui s’est réuni mercredi 19 octobre avec la ministre du Travail, Myriam El Khomri et le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Harlem Désir.

Salaire minimum: de 184 euros en Bulgarie à … 1 923 euros au Luxembourg
Le rapporteur regrette l’hétérogénéité excessive dans l’Union européenne (toujours au Royaume-Uni) en ce qui concerne les salaires minimums, ce qui aggrave la concurrence salariale. En fait, 22 des 28 pays de l’Union ont légalement fixé un salaire minimum. Mais six États ne l’ont pas encore fait: l’Italie, Chypre, l’Autriche, le Danemark, la Finlande et la Suède. Cependant, dans les quatre derniers pays, les minima conventionnels sont élevés.

Et s’il existe un salaire minimum légal, les inégalités sont énormes, allant de … 184 euros par mois en Bulgarie à 1 923 euros au Luxembourg. La France occupe la quatrième place avec Smic à 1 458 € par mois.

Pas de salaire minimum, mais salaire minimum
Philip Cordery est réaliste et conscient de la diversité des économies. Il ne soutient pas un salaire minimum unique, qui est immédiatement appliqué dans toute l’Europe. Par ailleurs, il est conseillé de fixer un salaire minimum dans chaque État, qui se situerait dans une fourchette allant de “50% à 60% du salaire moyen national”.

Un instrument qui augmenterait les salaires d’abord dans les pays d’Europe centrale, où la question des salaires est la plus importante… et où la question des travailleurs détachés est la plus grande.

Philip Cordery propose une “convergence douce” en quatre étapes. Premièrement, l’obligation de salaire minimum devrait être incluse dans “la future base des droits sociaux européens”, qui, selon Harlem Désir, devra être respectée au premier trimestre de 2017.

Deuxièmement, des “autorités nationales de la productivité” seraient créées pour déterminer le rapport entre le salaire moyen et le salaire minimum. Une conférence européenne annuelle sur les salaires serait alors organisée pour examiner l’écart de salaire et la Commission européenne pourrait émettre des “recommandations” pour réévaluer le salaire minimum des pays européens.

Initialement, ces quatre critères de convergence pourraient affecter à la fois les pays de la zone euro et les pays à régime volontaire.

Salaire minimum et travailleurs détachés
Bien entendu, la politique des salaires est actuellement une “variable d’ajustement” entre les différents pays de l’Union. Une convergence progressive des salaires minimum pourrait conduire à une concurrence plus équitable. Mais ce n’est pas tout, reconnaît Philip Cordery. Il faut ensuite s’attaquer à l’harmonisation progressive des cotisations de sécurité sociale et à la taxation des salaires. L’harmonisation d’un salaire brut ne serait pas d’une grande utilité si vous ne vous souciez pas du salaire net.

Myriam El Khomri convient que les problèmes ne peuvent être séparés pour lutter contre le dumping social intra-européen. L’instauration d’un salaire minimum doit donc s’accompagner d’une révision du règlement européen sur la sécurité sociale et d’une révision complète de la directive de 1996 sur le détachement de travailleurs.