Aujourd’hui, le monde souffre des effets de la troisième révolution industrielle alors qu’il se trouve à l’aube de la prétendue quatrième révolution industrielle. La question de nos vies est de savoir si le monde est prêt pour une transformation aussi radicale lorsque la capacité de digérer l’impact de la troisième se révèle une tâche difficile.

Chat-projet-decroissance

La troisième révolution industrielle a vu l’incorporation de robots et l’automatisation des chaînes de montage. Le résultat a été une diminution constante du nombre de travailleurs nécessaires dans ces emplois en usine. Ces emplois étaient suffisamment rémunérateurs pour donner à ceux qui les travaillent une vie de classe moyenne.

Cependant, le pourcentage de travailleurs occupés à des travaux en usine a régulièrement diminué à mesure que les robots et autres dispositifs permettant d’économiser du travail deviennent plus répandus. La quatrième révolution industrielle devrait propulser ce remplacement de travailleurs à un rythme accéléré. Essentiellement, cette révolution verra le mariage des capacités humaines et des capacités de la machine sous la forme d’une intelligence artificielle (IA), une hausse concomitante de la productivité et une diminution de la demande de main-d’œuvre.

La quatrième révolution industrielle verra probablement la montée des moyens de transport autonomes pour les taxis et le camionnage sur de longues distances, ainsi que le remplacement des caissiers, des employés et plus encore par des robots, des ordinateurs ou des agents d’IA. Aux alentours de Séoul, il n’est pas rare de trouver des restaurants McDonald’s qui vous permettent de passer votre commande dans des kiosques en contournant entièrement le caissier. À quelle distance peuvent être des hamburgers ou des cafés préparés sur commande par robot?

Toutefois, les pertes d’emplois ne se limiteront pas aux personnes occupant des emplois moins qualifiés. Les avocats, les comptables, les analystes financiers, les souscripteurs d’assurance et bien d’autres verront leur profession menacée par AI.

Dans un tel scénario, qui profitera le plus? Le capitalisme a de plus en plus constaté que tous les profits générés par des sociétés ou des sociétés se retrouvaient dans les poches des actionnaires. Au cours des décennies précédentes, il n’était pas rare que les entreprises appliquent des programmes de partage des bénéfices à leurs travailleurs.

Ce n’est plus le cas comme l’atteste l’inégalité croissante. De plus en plus, les riches s’enrichissent grâce aux investissements et non par le travail. Le remplacement des personnes par des robots et des agents d’intelligence artificielle ne fera qu’encourager cette tendance à l’aggravation des inégalités, les détenteurs de capitaux devant gagner aux dépens du travail.

Le travailleur moyen, ainsi que le nombre croissant de travailleurs qualifiés, se retrouveront au chômage. La question de la quatrième révolution industrielle est de savoir quoi en faire? Le capitalisme a apparemment toujours promis que la tarte économique deviendrait finalement assez grande pour que tout le monde puisse en avoir une part satisfaisante. Cependant, il semble toujours qu’un tel moment approche à grands pas.

En 1988, le PIB réel des États-Unis s’élevait à un peu plus de 9 000 milliards de dollars. Trente ans plus tard, il avait doublé pour atteindre plus de 18 billions de dollars. En Corée, en 1988, les Jeux olympiques de Séoul ont fait leur apparition et ont rapidement atteint le statut de pays à revenu élevé. En dépit de la croissance économique, un grand nombre de personnes souffrent d’anxiété économique, par exemple de s’inquiéter de la provenance de leur prochain repas. Pour un véritable épanouissement de la société et de la culture, ces craintes doivent être apaisées.

Pour une perspective historique, il faut remonter à l’Europe médiévale et à la peste noire qui a ravagé le continent dans les années 1300. Au cours de cette période, 30 à 60% de la population européenne est décédée.

Cette réduction drastique de la population européenne a sonné le glas du féodalisme en Europe occidentale. Les paysans ne sont plus liés à la terre car la pénurie de main-d’œuvre permet aux paysans de voyager à la recherche d’un salaire. La pénurie de main-d’œuvre qui en a résulté a contribué à réduire les inégalités en Europe, la main-d’œuvre devenant plus précieuse que la terre elle-même, propriété de l’aristocratie. Aujourd’hui, l’inverse est vrai: les nantis ont encore plus à gagner.

Le manque de main-d’œuvre dans l’Europe médiévale tardive a entraîné un rétrécissement des terres cultivées et une augmentation des terres consacrées à l’élevage. Le résultat fut une augmentation de la consommation de viande et de fromage et du niveau de vie, ce qui contribua à mettre l’Europe sur la voie de la Renaissance et des Lumières.

Le lien entre les deux est que, dans le passé, la réduction des inégalités a aidé la population en général à permettre à la société d’aller de l’avant. Dans le monde actuel du capitalisme sans entraves, les avantages de l’IA vont profiter à une élite de plus en plus restreinte.

Des mesures d’adaptation doivent être prises pour les personnes qui se retrouvent sans emploi ou contraintes de travailler avec des horaires réduits au lieu de se débrouiller seules. Les grondements de mécontentement que l’on entend actuellement dans le monde vont nier en comparaison à l’avenir si aucun compromis n’est pris pour une telle éventualité.

La diminution des inégalités a entraîné une augmentation des chances pour la population en général dans l’Europe médiévale. Ces opportunités ont contribué à propulser l’Europe vers la création des révolutions scientifique et industrielle.

À l’époque des temps modernes, l’objectif devrait être de faire en sorte que la personne moyenne puisse vivre sans craindre pour la nourriture et le logement. La tarte est assez grosse. Au lieu de concentrer les énergies des individus sur leur survie élémentaire, ils devraient plutôt être réorientés vers des domaines propices à l’épanouissement de la créativité humaine et au développement de la société.

Un tel scénario de pertes d’emplois massives pour AI n’est pas garanti. De nouvelles industries peuvent apparaître en réponse à l’IA, car de nouvelles industries sont apparues dans le passé, les anciennes industries s’éteignant. Cependant, des préparatifs doivent être faits pour une telle éventualité, car un manque de préparation pourrait conduire à un avenir dystopique.