Installées tous les dix mètres, les ruches forment une barrière que les éléphants ne franchissent pas. Une solution étudiée par une équipe d’Oxford, qui permet de les tenir à l’écart des zones où ils seraient en danger.
L’éléphant a peur des souris, c’est bien connu. Mais pas seulement : présentez-lui quelques vulgaires abeilles, et le voilà qui tremble, tape des pattes, barrit, secoue la tête et les oreilles, s’asperge de poussière avec la trompe… Sensible, l’animal ? Pas sur sa peau, trop épaisse pour percevoir la piqûre de l’insecte. Mais sur la trompe, les oreilles ou la bouche, l’attaque ciblée d’un essaim d’abeilles fait mouche.
Depuis plusieurs années, les organisations de protection de la nature tentent de détourner cette peur ancestrale au profit de l’animal. Menacé en Afrique par le braconnage et la réduction de son habitat, le géant de la savane subit aussi la colère des fermiers, dont il détruit régulièrement les plantations. Astucieux et puissant, amateur de fruits comme de légumes, il se joue des clôtures pour faire ripaille. Convaincu de son bon droit, le fermier tire et souvent tue.
En Afrique, plusieurs associations, encadrées par des biologistes, ont donc proposé d’installer, tous les dix mètres, des ruches en guise de barrières. L’éléphant a enregistré la menace : selon les études de suivi conduites par Lucy King, de l’université d’Oxford, 80 % des individus se tiendraient à l’écart des champs protégés. Le fermier y trouve aussi son intérêt. Non seulement il ne risque plus de violer la loi en tuant un animal protégé, mais il dispose de pollinisateurs pour ses cultures et peut vendre le miel récolté.
Seulement, l’éléphant d’Afrique dispose d’un cousin en Asie. Moins majestueux, affublé d’un dos rond et de petites oreilles, Elephas maximus n’exerce pas le même pouvoir de fascination. Ni les mêmes efforts de protection. Résultat : ses trois sous-espèces sont classées « en danger », celle de Sumatra étant même au bord de l’extinction.