
Grâce aux hormones déjà détectables dans les oeufs, des scientifiques allemands arrivent à séparer les mâles des femelles avant leur naissance, supprimant ainsi l’étape du broyage.
Il s’agissait d’un sujet tendu lors de l’examen du projet de loi pour l’alimentation: les 50 millions de poussins mâles broyés chaque année en France. Un système venu de l’entreprise allemande Seleggt supprime cette technique controversée, en sélectionnant les femelles alors qu’elles sont encore dans l’oeuf. Les premiers poussins issus de cette méthode sont arrivés en France mercredi.
Une sélection dès l’oeuf
Les poussins mâles sont éliminés peu de temps après leur naissance, car ils ne possèdent pas les mêmes caractéristiques que les poulets élevés pour leur chair et ne pondent pas d’oeufs. Ils sont donc considérés comme inutiles et tués, notamment par broyage.
Pour éviter cette élimination des poussins, Seleggt a élaboré une technique: "Nous observons l'intérieur de l'oeuf couvé, du 7ème au 10ème jour", explique l'entreprise sur son site.
Via un trou de 0,3 mm de diamètre, ils aspirent un fragment de l’oeuf, qu’ils testent ensuite avec des réactifs afin de définir si les hormones extraites sont mâles ou femelles. Les oeufs mâles sont ensuite retirés du couvoir, les femelles y restent jusqu’à l’éclosion.
Une entreprise française sur le coup
L’entreprise française PouleHouse a reçu 1000 premiers poussins – futures poules – issus de cette méthode mercredi. Ils pourront ainsi leur fournir des oeufs “d’ici 4 mois”, explique le cofondateur de la firme au Figaro. Étant donné que de tels couvoirs n’existent pas encore en France, l’entreprise doit pour le moment importer ses poussins des Pays-Bas.
PouleHouse a déjà mis au point “l’œuf qui ne tue pas la poule”, avec un mode de production sans abattage, ce qui signifie que les poules qui fournissent ces oeufs “vivent toute leur vie au même endroit”, assure le site de l’entreprise. Dans d’autres productions, elles sont tuées “à l’âge d’un an et quatre mois”, explique L214. Ce choix de production “éthique” et bio a toutefois un coup: six euros la boîte de six.
La France bientôt à la pointe?
L’actuel ministre de l’Agriculture Stéphane Travert avait rappelé cet été une convention passée avec l’entreprise Tronico, pour créer d’ici à 2020 une méthode permettant aux industriels de mettre fin au broyage des poussins mâles.
"C'est une technique qui existe aujourd'hui" et "à laquelle il faut mettre fin", avait déclaré Stéphane Travert. "Nous avons engagé 4,3 millions d'euros avec une entreprise pour un dispositif qui permettra de faire du 'sexage' [tri, NDLR] à l'intérieur de l'oeuf pour éliminer les poussins mâles, avant leur éclosion", avait-il expliqué.
Compilé par le personnel du Conseil du PECO