
Depuis plusieurs mois, en mesure de rétorsion, la Chine applique des restrictions commerciales majeures à son ancien partenaire privilégié.
Si Gustave Flaubert lisait le Global Times, il définirait l’Australie comme : « Un kangourou dans la main de l’Oncle Sam. » A moins que l’auteur du Dictionnaire des idées reçues ne reprenne l’une des formules du quotidien nationaliste chinois : « Un chewing-gum collé sous la semelle de votre chaussure. »
Longtemps partenaire privilégié de Pékin, l’Australie est dans le collimateur des autorités chinoises. Depuis quelques mois, le charbon, le bois, l’orge, le blé, le homard, le bœuf, l’agneau, le cuivre, le coton, la laine, le sucre, le vin et la bière venant d’Australie n’ont plus accès au marché chinois ou sont soumis à des restrictions ou des droits de douane prohibitifs. En fait, seul le minerai de fer échappe pour le moment à cette liste, sans doute parce que c’est l’unique matière première australienne dont Pékin ne peut se passer à court terme.
A chaque fois, la Chine affirme avoir de bonnes raisons : le charbon poserait des « problèmes environnementaux », le vin ferait l’objet de dumping, le bois serait contaminé, etc. Pour les Australiens et pour les Occidentaux en général, la raison est tout autre : l’Australie a eu le tort de bannir Huawei de ses infrastructures 5G dès 2018 et surtout d’être le premier pays à avoir demandé en mai 2020 qu’une enquête internationale soit menée sur les origines du Covid-19.
Une relation asymétrique
En décembre 2020, Canberra a riposté en portant un des cas – la taxe de 80 % imposée sur l’orge − devant l’Organisation mondiale du commerce. Une mesure essentiellement symbolique qui illustre l’asymétrie de la relation entre les deux pays. La Chine est le principal client de l’Australie. En revanche, l’Australie représente seulement moins de 2 % des exportations chinoises. Preuve de cette asymétrie : malgré ces tensions, l’Australie a signé en novembre 2020 le partenariat régional économique global (RCEP en anglais)