Ljubljana met un billet sur le vert et en récolte les fruits

La ville slovène, qui s’est illustrée en matière de mobilité durable, a reçu le prix de capitale verte européenne en 2016.
La ville slovène, qui s’est illustrée en matière de mobilité durable, a reçu le prix de capitale verte européenne en 2016.

Le blason de la ville représente un dragon de couleur verte et la bière qu’on y brasse est surnommée l’or vert. Tout un symbole pour la capitale slovène, récompensée en 2016 par la Commission européenne pour ses efforts en matière de développement durable. Depuis 2010 et la mise en place de ce prix, Ljubljana est la première capitale de l’est de l’Europe à être ainsi félicitée par Bruxelles. La cité a notamment conquis les membres du jury grâce au plan «vision 2025» dans lequel la ville indique vouloir réduire ses émissions de CO2 à 30 % d’ici 2020.

Grand salon
Ljubljana s’est affranchi de la dictature de l’automobile et privilégie aujourd’hui les transports en commun, les vélos et les piétons. Les parkings ont été transformés en parcs et le centre-ville a été totalement fermé aux voitures. Comme la rue Slovenska, artère principale de la ville qui la traverse du nord au sud, et qui a toujours été le théâtre des expérimentations urbaines de la capitale. Dans les années 60, cette artère principale est découpée en quatre voies rapides et fait la part belle au trafic automobile, symbole de richesse et de modernité. Zoran Jankovic, maire de la ville depuis 2012, a orienté Ljubljana vers moins de trafic et plus de mobilité : «Le centre-ville est désormais ouvert aux piétons et aux cyclistes. C’est comme vivre dans un grand salon dédié à la culture et au social. Nous avons transformé les anciennes friches industrielles en espaces verts», a-t-il déclaré dans un communiqué.

En 2012, la rue Slovenska devient piétonne et interdite aux voitures. Seuls les bus et les taxis ont désormais l’autorisation d’y circuler. «Même si je me rappelle le trafic intense du centre-ville, ce souvenir est aujourd’hui bien distant. Il semblerait que Ljubljana ait toujours été aussi belle et ordonnée», se félicite le maire. Afin de faciliter les trajets quotidiens de ses 285 000 habitants, la ville a décidé de renforcer son réseau de transports en commun. D’ici 2020, la mairie a prévu d’installer 1 400 bornes de recharges électriques pour les voitures hybrides ainsi que des stations de gaz naturel. Elle s’est également engagée à renouveler son propre parc de véhicules : 50 % des bus rouleront grâce au gaz naturel ou à des batteries électriques. La ville a mis en place un système de minibus à moteur électrique gratuit et respectueux de l’environnement : les Kavalir (pour «cavaliers») sillonnent désormais le centre-ville de Ljubljana.

Vraie forêt
A l’instar d’autres capitales européennes, la capitale slovène a développé un système de vélo en libre-service. Un tiers de la population se déplace soit à pied, soit à vélo. Pour Renda Belmallem, de l’ONG Focus, basée à Ljubljana, «le réflexe vélo est très important ici. Bien plus qu’à Paris par exemple. Mais s’il pleut, tout le monde prend sa voiture. Les bus, bondés aux heures de pointe, ont mauvaise presse et les voies ferrées n’ont pas été renouvelées.» L’ONG se montre également critique vis-à-vis du label «capitale verte» décerné par la Commission. «Une écologie de façade, selon Renda Belmallem. Ces prix ont des conséquences économiques et font surtout venir les touristes. La ville est toujours polluée du fait des industries et usines de proximité qu’il n’est pas question de remettre en cause.»

Avec une moyenne de 542 m2 d’espaces verts par habitants, Ljubljana est une vraie forêt : les trois quarts de sa surface sont tapissés de parcs et jardins. Depuis dix ans, elle s’est tournée vers une végétalisation massive de ses espaces publics : plus de 2 000 arbres ont été plantés le long de la Slovenska et des autres voies devenues piétonnes. Selon une étude réalisée en 2016 par Eurostat, 76 % des habitants de Ljubljana se disent satisfaits de la qualité de l’air de leur ville. Mais la capitale fait figure d’exception dans le pays. Le 19 janvier, Karmenu Vella, le commissaire européen chargé de l’Environnement, convoquait la Slovénie et son ministre de l’Environnement. Le pays fait depuis 2010 l’objet d’une procédure d’infraction pour non-respect des limites fixées en matière de pollution atmosphérique.