L’année 2023 marquera une étape importante pour la Croatie, avec son entrée dans la zone euro et l’espace Schengen. Sur le marché français, la directrice de l’Office du tourisme croate, Daniela Mihalic Durica, espère dépasser la performance record de 2019 l’an prochain.
Avis de changement pour la Croatie. Le 1er janvier, dix ans après son adhésion à l’Union européenne, le pays rejoindra – enfin – la zone euro. “Avoir une monnaie différente n’a jamais été un obstacle, mais cela posait quand même des questions, où changer son argent, quel est le taux… rapporte Daniela Mihalic Durica, la directrice de l’Office du tourisme croate en France. Certains voyageurs se sont étonnés que nous n’étions pas passés à l’euro. Cela nous aidera, et ce sera aussi plus facile pour les échanges financiers entre professionnels du tourisme. Dans la foulée, la Croatie rejoindra également l’espace Schengen, dont elle ne faisait pas non plus partie jusqu’à présent. La décision a été enregistrée le 8 décembre par l’UE.La Bulgarie et la Roumanie, elles, ont été retoquées.
Les contrôles aux frontières terrestres de la Croatie seront donc levés à partir du 1er janvier. Dans les aéroports, il faudra cependant attendre le 26 mars pour que la décision entre en vigueur, pour des raisons techniques.
Cette harmonisation, avec les règles de circulation au sein de l’UE et l’adoption de la monnaie commune, devrait donc contribuer à augmenter les chiffres des arrivées dans le pays. « Certains mois de 2022, nous avons dépassé les niveaux de 2019, mais pas pour toute l’année », explique Daniela Mihalic Durica. Fin octobre, la destination avait atteint 83 % des arrivées et 83 % des nuitées 2019, avec un peu plus de 525 000 arrivées et près de 1,9 million de nuitées. Dans un contexte d’incertitude, entre la crise sanitaire et le début du conflit en Ukraine, les plans de vols ont commencé plus tard, repoussant d’autant le début de la saison. Même si le contexte actuel reste complexe, marqué notamment par l’inflation et ses conséquences sur le budget des voyageurs, 2023 s’annonce bien. “Pour le moment, les réservations pour la Croatie sont très bonnes. En 2023, nous aurons de meilleurs résultats qu’en 2019 sur le marché français, pense le directeur de l’Office de Tourisme. Plusieurs compagnies aériennes vont opérer de nouvelles lignes, un nombre croissant de TO planifient la destination en proposant de nouveaux hôtels, clubs et de nouvelles routes. »
« La Croatie, ce n’est pas seulement Dubrovnik »
Comme de nombreuses destinations, la Croatie entend cibler davantage les voyageurs à fort pouvoir d’achat. « Nous avons beaucoup investi dans l’hôtellerie et notre offre touristique, les musées par exemple, pour monter en gamme, explique Daniela Mihalic Durica. L’objectif n’est pas forcément d’avoir plus de touristes, mais d’avoir des touristes qui dépensent plus, afin de préserver notre environnement. La pandémie nous a permis de prendre du recul et de nous demander de quel tourisme nous avons besoin. On a réfléchi à ce qu’on pouvait améliorer, à ce qu’on pouvait faire pour aller vers quelque chose de plus qualitatif. »
Dans le pays, les établissements de luxe et les petits hôtels de charme se multiplient, tout comme les infrastructures sur les îles. “Il reste encore beaucoup à faire, bien sûr, mais cela reste une tendance très forte”, souligne Daniela Mihalic Durica. Un moyen, aussi, de contrer les effets délétères du surtourisme. Un sujet sur lequel la destination travaille depuis un moment maintenant, elle vient d’adopter un nouveau plan de développement du tourisme durable jusqu’en 2030. « Quand ils pensaient à la Croatie, les gens pensaient à Dubrovnik. Nous avons inversé la stratégie ces dernières années pour montrer que la Croatie est plus que Dubrovnik et qu’il y a beaucoup à explorer. Il fonctionne très bien. Ces dernières années, la région de Split est devenue la région préférée des Français. Et c’est d’autant plus une bonne chose que depuis Split on peut aller à Dubrovnik, mais aussi visiter la capitale, qui se trouve à à peine trois heures de route. Tout est accessible. Toutes les campagnes que nous avons déployées ces dernières années se sont concentrées sur des régions inconnues, et cela fonctionne très bien. Les compagnies aériennes suivent, et c’est essentiel. »
Et il reste encore des domaines à développer. “Il y a, par exemple, la Slavonie, qui est une région méconnue, où la nature est magnifique”, indique le directeur de l’OT. «C’est peut-être la région dont nous parlerons dans les prochaines années. Il n’y a pas encore d’air depuis la France mais la Croatie est un petit pays, tout est accessible. La Slavonie est à deux heures de Zagreb et le pays a beaucoup investi dans un réseau routier de qualité. Il y a aussi la région de l’Istrie, qui est une région très connue dans le monde entier, et très visitée par d’autres nationalités mais pas par les Français, car pour le moment nous n’avons pas assez de vols. Nous sommes en train de négocier avec les compagnies aériennes et c’est sans doute la région la mieux adaptée aux exigences des touristes français. Là-bas, tout tourne autour de la gastronomie, des produits du terroir, de l’œnologie, de l’huile d’olive, de la truffe… C’est un trésor à découvrir dans les années à venir aux Français. Pour l’instant, seuls quelques TO français envisagent la destination, le terrain étant déjà bien occupé par des TO d’autres nationalités.
Pour (re)découvrir la destination, la Croatie a récemment accueilli le voyage annuel Women of Tourism. “Notre objectif était de montrer les différentes facettes de la Croatie, de découvrir des destinations inconnues”. Au programme : Zagreb, Plitvice, Split et l’île de Hvar. L’occasion surtout pour les femmes dirigeantes membres de l’association de rencontrer leurs collègues qui officient dans le tourisme croate. Durant le séjour, de nombreuses rencontres ont été organisées avec des entrepreneurs locaux et des professionnels du tourisme dans le but de favoriser la coopération entre les acteurs de la filière en France et en Croatie. Une étape supplémentaire fixée pour 2023.