
RETOUR AU PAYS – Alexeï Navalny a atterri ce dimanche en Russie, après son séjour en Allemagne, où il était soigné après un possible empoisonnement, pour retourner à Moscou. À l’instar de ses supporters, l’opposant russe a été arrêté.
“On va m’arrêter ? Impossible, je suis innocent.” L’optimisme un brin provocateur affiché à son départ de Berlin par Alexeï Navalny, de retour en Russie ce dimanche, aura contrasté avec l’accueil qui lui était réservé en Russie. À peine arrivé, l’opposant russe a été interpellé par les autorités russes. Plus tôt dans l’après-midi, plusieurs de ses soutiens venus l’accueillir à l’aéroport avaient subi le même sort.
“Lioubov Sobol, Rouslan Chaveddinov, Ilia Pakhomov, le juriste Alexeï Molokoïedov, l’assistant de Navalny Ilia Pakhomov, la directrice de campagne Anastasia Kadetova et Konstantin Kotov ont été arrêtés”, a indiqué sur Twitter Ivan Jdanov, l’un des plus proches collaborateurs d’Alexeï Navalny. A l’aéroport Vnoukovo, la police antiémeute était présente en force et un groupe de quelque 200 partisans étaient massés devant les barrières installées pour barrer l’accès à la salle des arrivées, selon des journalistes de l’AFP.
Alexeï Navalny, qui a décollé de Berlin avec sa femme Ioulia peu après 15h, en dépit de menaces d’arrestation quasi-immédiate émanant de la justice russe, a atterri à Moscou un peu avant 18h30, heure locale, après que son avion a été dérouté. “En Allemagne, c’était bien, mais rentrer à la maison, c’est toujours mieux”, avait-il déclaré avant d’embarquer. Ajoutant, sur son compte Instagram, à l’attention des forces déjà déployées à l’aéroport de Moscou : “Voilà à quel point ils sont lâches, pathétiques et ridicules. Comme d’habitude, les autorités russes sont caractérisées par leur peur.”
L’opposant de Vladimir Poutine avait annoncé mercredi son intention de quitter l’Allemagne, où il avait été pris en charge fin août dans un état grave après de forts soupçons d’empoisonnement. Les services pénitentiaires russes avaient immédiatement indiqué qu’ils seraient “obligés” de l’arrêter, pour avoir violé les conditions d’une peine de prison avec sursis à laquelle il a été condamné en 2014. Selon le FSIN, Alexeï Navalny n’a pas respecté, quand il était en Allemagne, les conditions de cette peine, qui l’obligeait à pointer au moins deux fois par mois à l’administration pénitentiaire. L’opposant est aussi visé depuis fin décembre par une nouvelle enquête pour fraude, soupçonné d’avoir dépensé pour son usage personnel 356 millions de roubles (3,9 millions d’euros) de dons.
Navalny “figure sur une liste de personnes recherchées depuis le 29 décembre 2020 pour de multiples violations de sa période probatoire”, a indiqué le FSIN, les services pénitentiaires russes. “Il restera en détention jusqu’à la décision du tribunal” le concernant. La réponse de sa défense a été immédiate : “Alexei a été arrêté sans que la rason soit expliquée. Ils ne m’ont pas laissé revenir vers lui”. L’avocate a été suivie par l’Union européenne, dont le président du Conseil Charles Michel a appelé à “la libération immédiate”, tandis que le chef de la diplomatie européenne estimait que “la politisation du système judiciaire est inacceptable”.
Dans la foulée, les États-Unis, qui s’apprêtent à changer de président, ont réagi. Jake Sullivan, appelé à devenir le conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, a demandé à ce qu’il soit “immédiatement libéré” et que “les auteurs de l’attentat scandaleux sur sa vie soit tenus responsables”. “Les attaques du Kremlin contre M. Navalny ne sont pas seulement une violation des droits humains, mains un affront aux Russes qui veulent que leurs voix soient entendues”.
Le chef de file de l’opposition russe était subitement tombé dans le coma en août, alors qu’il revenait d’une tournée électorale en Sibérie. D’abord hospitalisé à Omsk, il avait finalement été évacué vers un hôpital berlinois sous la pression de ses proches. Trois laboratoires européens ont depuis conclu que l’opposant avait été empoisonné par un agent innervant de type Novitchok, développé à l’époque soviétique à des fins militaires, conclusion confirmée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) malgré les dénégations de Moscou. L’opposant accuse les services spéciaux russes (FSB) d’avoir tenté de l’assassiner sur l’ordre direct de Vladimir Poutine.
Au gré des versions, les autorités russes ont elles mis en cause les services secrets occidentaux, ou l’hygiène de vie d’Alexeï Navalny. Jusqu’à présent, Moscou a refusé d’ouvrir une enquête pour découvrir ce qui est arrivé à Alexeï Navalny.
Compilé par le personnel du Conseil du PECO
Vous faites de la désinformation mensongère ! Moscou a toujours poussé pour qu’une enquête commune soit faites avec l’Europe !