Covid-19. La Roumanie a lâché 230 millions pour rien
Comment Unifarm, qui devait sauver la Roumanie au début de la pandémie, en est-elle arrivée là ?

La France a manqué de masques. La Roumanie en a dix fois trop, de mauvaise qualité, voire périmés, en tout cas trop chers. Le patron de l’entreprise publique chargé de leur distribution est soupçonné d’avoir surévalué ses achats pour toucher des pots-de-vin.

Les hangars d’Unifarm, entreprise publique chargée de la distribution de matériel médical, sont pleins à craquer d’équipements dont personne ne veut : 26 millions de masques, 2,3 millions de combinaisons, 200 t de désinfectants, etc. Les contrôles des inspecteurs du fisc ont révélé des produits bientôt périmés, de mauvaise qualité ou encore bien trop chers…

Ils n’ont jamais trouvé preneurs.

Comment Unifarm, qui devait sauver la Roumanie au début de la pandémie, en est-elle arrivée là ? À l’époque, le gouvernement débloque en urgence 230 millions d’euros pour permettre à Unifarm de faire face à l’explosion attendue de la demande des hôpitaux notoirement sous-équipés et aussi pour rassurer l’opinion.


Des décisions couvertes par l’état d’urgence

Sauf que le patron d’Unifarm, Adrian Ionel, que les autorités présentent comme un manager hors pair, est en fait un sacré filou. Accessoirement diplômé des services de renseignements, Ionel passe de drôles de contrats auprès de fournisseurs qui gonflent les prix. Des masques trois fois trop chers, des ventilateurs 48 000 €, payés en argent public, très probablement en échange de rétrocommissions.

Pas contraints d’acheter chez Unifarm, les hôpitaux se sont équipés ailleurs et Unifarm s’est retrouvé avec ses stocks. Le pire ? Poursuivi pour détournements de fonds, Ionel pourrait ne jamais être jugé, ses décisions étant couvertes par l’état d’urgence. Menacée de faillite, Unifarm pourrait cesser d’approvisionner les pharmacies en vaccins pour les nouveau-nés et en traitements pour les maladies rares…

Compilé par le personnel du Conseil du PECO