Pour soutenir ses entreprises et leurs employés, l’Allemagne n’a pas lésiné sur la dépense.

Que la vertueuse Allemagne, qui a érigé l’équilibre budgétaire en dogme, bascule dans le déficit était attendu. Il n’empêche, le solde public négatif de 51,6 milliards d’euros enregistré au premier semestre, communiqué mardi, témoigne de l’ampleur de la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19.

Pour soutenir ses entreprises et leurs employés, l’Allemagne n’a pas lésiné sur la dépense. Et va d’ailleurs continuer. Le gouvernement envisage par exemple de prolonger jusqu’à 24 mois, soit le double de la durée initiale, l’indemnisation du chômage partiel. La coalition dirigée par Angela Merkel a adopté deux plans successifs traduits dans autant de budgets rectificatifs, adoptés en mars puis en juin, d’un montant respectif de 156 milliards d’euros (4,9 % du PIB) et de 130 millions d’euros (4 % du PIB), rappelle le Fonds monétaire international.

L’État fédéral disposait certes de marges de manœuvre financières mais il a néanmoins recouru à l’emprunt sur les marchés, à hauteur de 218,5 milliards d’euros.
Une gestion rigoureuse de l’argent public

Si l’économie allemande résiste mieux à la crise que sa voisine française, elle s’est tout de même contractée au deuxième trimestre de 9,7 % (contre 13,8 % pour la France). Ce chiffre, également publié mardi par l’office fédéral de statistiques Destatis, est en légère amélioration par rapport à la première estimation (- 10,1 %).

L’Allemagne n’avait pas affiché de déficit public depuis le second semestre 2013. Il s’agissait alors du dernier solde dans le rouge hérité de la crise de 2008. Berlin a ensuite présenté un excédent pendant douze semestres d’affilée. Il atteignait 46,4 milliards d’euros au premier semestre 2019. Témoignant d’une gestion rigoureuse de l’argent public, que ses partenaires européens lui reprochaient, réclamant plus de dépenses et d’investissements à la locomotive de l’Europe.