Dominée par la présence de grands groupes industriels, qui embauchent peu et externalisent, la région Bourgogne-Franche-Comté peine à résoudre sur l’ensemble de son territoire le problème du chômage.

Mais l'emploi ne suit pas la même courbe.
Mais l’emploi ne suit pas la même courbe.

En 2016, dans son document préalable à la définition de son premier schéma de développement économique, la région Bourgogne-Franche-Comté pointait l’une de ses faiblesses : une densité démographique insuffisante. Mais elle soulignait aussi la force de son industrie et de son agriculture.

Deux ans plus tard, la situation n’a pas changé, indique l’Insee : « La dynamique économique générale est plutôt bonne avec une hausse de 1,1% du nombre d’emplois en 2017, un développement du secteur tertiaire marchand, une hausse des effectifs salariés de la construction pour la première fois depuis près de dix ans. » Mais, remarque l’Insee, « le rapport entre création et destruction d’emplois industriels reste négatif. La région a ainsi perdu 700 emplois industriels en 2017 quand les effectifs nationaux sont restés stables ».

La perte ne concerne pas toutes les activités industrielles, ni tous les secteurs. « Dans le Jura et dans l’Yonne, l’emploi salarié industriel augmente, notamment dans l’agroalimentaire. Dans le Territoire de Belfort il est également en hausse, porté par la fabrication de biens d’équipement. Les effectifs se stabilisent dans le Doubs et baissent dans les autres départements », précise l’étude consacrée à la région.

“La priorité, c’est l’aménagement des usines 4.0”
« Notre région apparaît souvent en fin de tableau sur la reprise, les créations d’emplois. Je suis déçu par ces statistiques et ces classements », déclare Jean-Claude Lagrange, vice-président du conseil régional de Franche-Comté chargé de l’économie. « L’automobile, l’industrie du transport, la mécanique de précision et la viticulture nous offrent le troisième excédent commercial. La priorité, c’est l’aménagement des usines 4.0 qui amélioreront la compétitivité des entreprises », propose l’élu.

Loin d’établir une liste de priorités, le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) adopté pour la période 2017-2022 rappelle que cette stratégie économique concernait « tous les territoires, toutes les filières, toutes les entreprises. Quand on élabore une stratégie, il faut définir ses points forts : l’automobile, les grosses industries. Il faut ensuite marier cette orientation avec une vision de proximité du territoire. Notre région compte 117 établissements publics de coopération intercommunale, dont seulement une dizaine dispose d’une taille significative. On ne peut pas tout miser sur les métropoles pour la prochaine décennie », explique Jean-Claude Lagrange.

Reprise chez PSA
L’exemple de l’agglomération de Sochaux-Montbéliard, dont l’activité économique est dopée par la présence de l’usine PSA, illustre l’un des paradoxes de la région. La reprise économique est bien présente, avec des commandes en hausse pour le constructeur. L’usine qui assemble la Peugeot 3008 s’apprête à renouer avec son niveau historique de la fin des années 1970, quand 500.000 véhicules étaient sortis des chaînes. PSA annonce 200 millions d’euros d’investissements pour conformer son usine aux standards de l’industrie 4.0.

Mais l’emploi ne suit pas la même courbe. En début d’année, la direction a annoncé l’embauche de 72 opérateurs, ouvriers professionnels et responsables d’équipe. À l’échelle de ce site qui compte 7.529 salariés en production et 2.658 intérimaires, c’est presque insignifiant. Et cela ne compense pas les 305 départs prévus au titre des congés seniors et des ruptures conventionnelles collectives. « Il y a quarante ans, Sochaux fournissait du travail à 42.000 personnes », rappelle Pierre Lamard, professeur de sociologie du travail à l’université technique de Belfort-Montbéliard.

« L’externalisation est passée par là. La fonderie, la fabrique d’amortisseurs ont quitté Sochaux », observe l’universitaire.

Pour préparer l’avenir, la région ne veut plus dépendre du développement endogène de ses industriels. « Nous renforçons la prospection à l’international », annonce Jean-Claude Lagrange. À l’image des missions organisées en Israël ou au Vietnam, ou du pôle de compétitivité “Véhicule du futur” qui organise des missions collectives, les autorités régionales incitent les grands industriels à accompagner leurs sous-traitants à l’export. 700 entreprises vont bénéficier cette année de ses programmes d’actions collectives.

L’innovation, aussi, sera encouragée par un programme de crédits spécifiques (6 millions d’euros) consacré aux entreprises.

« En Bourgogne-Franche-Comté, les investissements de recherche sont portés à 78% par le secteur privé », rappelle Jean-Claude Lagrange.

Les fonctions support ne sont pas à l’écart. Dans son troisième programme d’investissements d’avenir, un programme régional doté de 21 millions d’euros de crédits doit permettre à des entreprises de financer des initiatives innovantes dans le marketing et les ressources humaines. Pour relancer l’emploi