« Asthmatique », pléthore de sportifs se le dise, à tort ou à raison. Le cyclisme n’est pas le seul mauvais élève. Tous les sports d’endurance sont concernés. Les athlètes ne sont pas épargnés, tous niveaux de performances confondus. Il devient de plus en plus commun de voir un concurrent sortir sa Ventoline avant un départ.

Ventoline

Le salbutamol, c’est quoi ?
Cette molécule, utilisée pour traiter l’asthme, est le plus couramment distribuée sous le nom de Ventoline et se présente sous la forme d’un aérosol. Le principe du salbutamol est de permettre une dilatation des voies respiratoires pour favoriser une meilleure expiration, donc une meilleure oxygénation du sang.

À ce titre, il fait partie de la liste des interdictions de l’Agence mondiale antidopage, mais avec des aménagements possibles. Selon l’UCI, « la présence dans l’urine de salbutamol à une concentration supérieure à 1 000 nanogrammes/millilitres […] sera présumée ne pas être une utilisation thérapeutique intentionnelle et sera considérée comme un résultat d’analyse anormal (RAA) ». Une pratique très encadrée, donc. Quelques bouffées seulement sont autorisées pour ne pas être « positif ». Encore faut-il faire valoir une prescription de son médecin traitant.

La Ventoline est uniquement autorisée pour les asthmatiques. Les médecins leur en prescrivent pour contrer leurs difficultés à respirer provoquées par un rétrécissement des voies respiratoires. Si leur prise est inférieure au plancher fixé, la pratique est légale, le but étant là de se soigner. Si elle est supérieure, il s’agit de dopage. « Au-delà d’un certain seuil, la Ventoline est un anabolisant, c’est-à-dire que le produit augmente la masse musculaire et diminue la graisse corporelle », justifie Jean-Pierre de Mondenard, médecin spécialiste du dopage.

La loi est plus ferme concernant les non-asthmatiques. Ils seront, dès la première bouffée inhalée, considérés comme se dopant. « Là, il n’y a pas de seuil, prolonge-t-il. C’est zéro nanogrammes. Car on sait que la Ventoline améliore la respiration même chez non-asthmatiques. Une simple bouffée vasodilatatrice augmente la consommation d’oxygène de 0,3 litre. »

Les sportifs plus asthmatiques ?
Et si les sportifs étaient plus asthmatiques ? Et si le sport était à la base de nouveaux cas d’asthme ? Les études s’y penchent et confirment le phénomène. Comment est-ce possible ? « Si je suis au repos je respire par minute 5 à 8 litres d’air. Au maximum de l’effort, je respire 20 à 30 fois plus d’air qui passe par mes bronches, détaille Jean-Jacques Menuet, médecin de l’équipe cycliste Fortuneo. Donc, je respire 20 à 30 fois plus de pollens, poussière, agents physiques agressifs pour les bronches : fumées d’usine, vapeurs de bitume s’il fait chaud, gaz d’échappement des voitures, pollution, etc. »

Et d’ajouter : « Pendant l’effort, mes bronches s’enflamment, sécrètent et en réaction elles se spasment, c’est-à-dire que leur calibre diminue. Cet asthme ne réduit pas le potentiel inspiratoire mais diminue fortement le potentiel expiratoire : je ne peux pas vider tout l’air que j’ai dans les bronches. Une partie de l’air ne sera donc pas réoxygénée : le muscle est alors mal oxygéné, je brûle moins bien mon carburant glucidique et lipidique (car il faut de l’oxygène pour bien brûler ces 2 carburants), je fais plus d’acide lactique. » De quoi retentir sur la performance du sportif et sa santé. Ainsi, juge-il, « il est donc licite de soigner un sportif qui présente un asthme. »

Des alternatives existent…
Reste que des alternatives à la Ventoline existent pour apprendre à mieux respirer. Des systèmes de guérison non-médicamenteux comme la kinésithérapie respiratoire. « Le traitement de l’asthme ne se limite pas à des médicaments », avoue le médecin. À méditer.