Le parti de Robert Fico bénéficie d’un soutien important au sein de la population et sa popularité a encore augmenté depuis le début de la crise des réfugiés. « Nous protégeons la Slovaquie » est l’un de ses slogans principaux.

Le parti de Robert Fico bénéficie d'un soutien important au sein de la population et sa popularité a encore augmenté depuis le début de la crise des réfugiés. « Nous protégeons la Slovaquie » est l'un de ses slogans principaux.

Dans la foulée des nombreuses agressions ayant eu lieu à Cologne, le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a de nouveau rejeté l’idée d’accueillir des réfugiés musulmans dans son pays.

Le Premier ministre slovaque a annoncé un « changement de la position slovaque sur la crise de l’immigration dans l’UE », après les troubles qui se sont déroulés à Cologne au Nouvel An, quand 90 femmes ont déposé plainte pour vols, menaces et agressions sexuelles dans le centre de la ville. Ces attaques ont été perpétrées par des jeunes hommes, dont la plupart étaient saouls, décrits par certaines victimes comme étant d’apparence nord-africaine.

« On a dit et écrit beaucoup de choses à ce sujet, mais le gouvernement slovaque voit un lien direct entre l’arrivée massive de migrants, les attentats de Paris et les événements récents en Allemagne », a déclaré le Premier ministre lors d’une conférence de presse à Bratislava le 7 janvier.

Robert Fico a expliqué qu’il comprenait la rhétorique apaisante adoptée par certaines personnalités politiques allemandes, mais qu’il était d’avis que le gouvernement devrait informer ouvertement la population des risques sécuritaires.

Contre “l’émergence d’une communauté musulmane dense”

Le Premier ministre a rappelé que son gouvernement avait toujours été opposé à ce que l’UE « force les États membres à accepter des réfugiés ayant des valeurs et habitudes de vie diamétralement opposées » à celles des Européens. Selon lui, les réfugiés musulmans sont « impossibles à intégrer ».

La Slovaquie, un pays de 5,5 millions d’habitants, ne compte que quelque 5.000 musulmans.

Non seulement la Slovaquie continuera de s’opposer aux quotas obligatoires de réinstallation des migrants, contre lequel il a saisi la Cour de justice de l’UE, mais le pays ne prendra également aucune autre mesure volontaire qui puisse mener « à l’émergence d’une communauté musulmane dense », a martelé le Premier ministre. La création d’une telle communauté est, selon lui, un effet inévitable des quotas de réinstallation et les événements qui se sont déroulés en Allemagne sont la preuve que ce projet doit être abandonné.

| Lire : Pourquoi la Slovaquie poursuit l’UE sur le système des quotas

« Les quotas temporaires ne prévoient que [la réinstallation de] 2.000 réfugiés [en Slovaquie], mais selon le système de quotas permanents, on pourrait parler de 50.000 réfugiés. Cela créerait automatiquement une communauté dense, avec tous les risques que nous avons vu [se réaliser] dans différents pays », assure-t-il.

La Slovaquie n’a accepté d’accueillir que 180 réfugiés chrétiens. Si ceux-ci sont déjà sur le territoire slovaque, leur installation dans des familles d’accueil dans différents villages a été retardée suite à l’opposition des communautés locales.

| Lire : L’UE choquée face au souhait de la Slovaquie de n’accueillir que des migrants chrétiens

« Seule la météo nous protège »

« Le gouvernement slovaque estime que l’UE et certains États membres ont sous-estimé les risques d’une immigration non jugulée et n’ont donc pas réussi à les éviter […] Aujourd’hui, seule la météo nous protège d’arrivées supplémentaires », a poursuivi le Premier ministre.

Le nombre de réfugiés qui entame le périlleux voyage vers l’Europe est souvent réduit pendant l’hiver, mais un représentant allemand a récemment déclaré que le nombre d’arrivées dans son pays était stable, à 3 500 par jour. Les réfugiés qui tentent d’atteindre l’Allemagne passent par les îles grecques, et la Slovaquie n’est donc pas sur leur route.

Renforcer les frontières plutôt que d’offrir une aide alimentaire

Autre changement de politique : Robert Fico a annoncé que la Slovaquie contribuerait, financièrement ou en envoyant du personnel, aux efforts communs contre les conséquences négatives de la crise des réfugiés. Il a toutefois ajouté qu’il voulait s’assurer que cet argent « ne financerait pas des fonds alimentaires ou des actions de ce type », mais serait utilisé pour établir des structures sécuritaires qui protégeront les frontières externes de l’UE.

La Slovaquie soutient l’idée d’un nouvel organe de garde-côte et de garde-frontière européen proposée par la Commission. « Nous ne compliquerons pas la discussion en parlant de souveraineté, la frontière de Schengen est notre frontière », assure Robert Fico, magnanime.

Le gouvernement slovaque a également augmenté considérablement le budget des forces de police, en réponse à ce qu’il perçoit comme une menace terroriste. La Slovaquie est pourtant l’un des pays de l’UE où le ratio entre policiers et population totale est le plus élevé. Les secteurs de l’éducation et des systèmes de santé manquent par ailleurs cruellement de fonds.

Les élections sont proches

Les élections générales se dérouleront le 5 mars. Le parti de Robert Fico bénéficie d’un soutien important au sein de la population et sa popularité a encore augmenté depuis le début de la crise des réfugiés. « Nous protégeons la Slovaquie » est l’un de ses slogans principaux. La seule question des élections sera donc de savoir s’il parvient à former un gouvernement seul ou s’il devra former une coalition.

Lors d’une réunion interne, le Parti socialiste européen, auquel est affilié le SMER-SD de Robert Fico, s’est récemment penché sur la rhétorique anti-immigrants du Premier ministre slovaque, ainsi que sur l’action en justice qu’il a lancée contre les quotas de réinstallation. À ce jour, aucune décision n’a été prise sur une possible suspension d’adhésion.La Slovaquie sera à la présidence tournante du Conseil européen à partir du 1er juin.

     | Lire : Anti-réfugiés et pro-russe, Robert Fico pose problème au PSE

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RÉACTIONS

La communauté musulmane de Slovaquie a réagi aux déclarations du Premier ministre en publiant un communiqué dénonçant les événements de Cologne et déplorant que « la communauté soit devenue un sujet de la campagne électorale ».

« Nous craignons que l’ambiance actuelle dans la société compromette la sécurité de nos familles, et particulièrement celle des femmes et des enfants. Nous exhortons les représentants politiques et les médias à prendre ces craintes en compte », poursuit le communiqué.

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PROCHAINES ETAPES

  • 1er juin 2016 : La Slovaquie prend la présidence tournante du Conseil.